Ceux qui ne font que regarder la carte aujourd’hui concluront vite que le moment fort du jour arrive très tôt sur la route. S’il y a bien une ascension célèbre en Flandre, c’est le Mur de Grammont. Mais au lieu de garder le meilleur pour la fin, nous commençons déjà par le Mur alors que les lueurs matinales sont encore teintées d’un aura sacré, qui se répand de manière diffuse sur les rues de Grammont. Nous prenons deux tartes au maton pour en haut, saluons l’autre Manneken Pis et avant de le savoir, nous voilà devant la chapelle de l’Oudenberg. Cela fait du bien, surtout quand on a passé le dernier virage serré devant le café ’t Hemelrijck. Tout comme The Last Post, l’ascension du Mur à vélo reste un moment spécial. Qu’on le fasse pour la première fois, comme Lowie, ou qu’on l’ait fait bien plus souvent. Mais il n’y a pas que le Mur aujourd’hui. Le Bosberg est aussi au rendez-vous, avec ses pavés scintillant au soleil.
Et même si nous laissons les Ardennes flamandes derrière nous presque sans nous en apercevoir, le pays flamand continue de se montrer sous son meilleur jour. Nous sommes entrés dans le Pajottenland, terre de fruits et de gueuze. « C’est la seule région où l’on trouve cette bière », explique le barman Roel van Drongelen du Fiets- en Wandelcafé Paddenbroek à Gooik, lors d’une pause déjeuner au soleil. Le Néerlandais, atterri dans le Pajotteland par amour, sert et raconte : « Normalement, la bière est brassée, mais pas la gueuze, elle est coupée. La fermentation est spontanée et les levures avec lesquelles cela se fait se trouvent dans l’air. C’est ce qui rend la bière unique et en fait vraiment un produit régional. Et grâce aux acides frais, c’est le champagne parmi les bières, idéal aussi comme apéritif. »
Nous poursuivons notre ascension vers l’est, empruntons un autre itinéraire thématique et suivons à présent la Ceinture verte. Depuis l’Alsemberg, nous apercevons Bruxelles. Un autre monde, presque palpable. Si nous changions de cap une demi-heure, nous pourrions nous retrouver sous l’Atomium, ou nous rendre sur la Grand-Place parmi la foule. Mais nous nous en tenons à l’itinéraire. Nous passons par la Forêt de Soignes et Overijse, jusqu’à ce que nous atteignions le point d’arrivée de la journée à Leuven. Là, nous nous plongeons dans la gaieté estivale de la ville.